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La fée

babyfruit

Grand poète
#1


La fée

Quoi de plus normal pour une fée
Que de mener une vie de château
Mais celle-ci, loin des tours crénelées
Et des majestueux donjons
Elut domicile dans un ministère
C’était bien la première fois que la chose arrivait
Une fée diplômée qui plus est !
Tout d’abord, son aspect étonna
Les agents de l’Etat
Peu habitués à côtoyer un tel personnage
Depuis l’enfance ils en avaient perdu l’image
Mais l’auraient-ils gardée
Qu’ils n’auraient su sa qualité
Ministère oblige, elle avait révisé son costume
Les ailes de libellule,
Le hennin enrubanné et la baguette étoilée
Qui eussent en ce lieu causé quelque désordre
Furent rangés au placard
Elle adopta une tenue bien à elle
Quelque peu excentrique il est vrai
Diable ! Elle restait fée malgré tout !
Parmi cet aéropage de mines et de costumes gris
Elle apportait par sa mise une touche de couleur
Au gré des jours, selon son humeur
Elle se muait en reine de la jungle
Vêtue de léopard
Ou en danseuse andalouse
Dans sa jupe frou frou…
Au fil des années, peu ou prou
Elle faisait partie des murs
(Les fées comme les fantômes partagent ce point commun)
Bref, on s’était fait à sa présence
Si discrète parfois qu’on restait longtemps sans la voir
Mais on suivait sa trace, tel le petit poucet
Grâce aux bonbons, fleurs et autres friandises
Dont à toute heure du jour, elle ornait les bureaux
Elle pigmenta ainsi la vie de beaucoup d’entre nous
Agrémentant notre quotidien de menus plaisirs
De gestes aimables et de tendres sourires
Hélas même pour les fées, l’heure de la retraite existe
A la veille de Noël, la sienne vient de sonner
Atteinte par la limite d’âge, le comble pour une fée
Il lui faut plier bagage.
Ciel où aller ?
Rester chez soi, simple fée du logis
Condamnée au chiffon et à la machine à coudre
Elle ne peut s’y résoudre
Sans doute alors, louera-t-elle ses services
Dans d’autres offices ou séminaires
Moins sourcilleux au regard de la loi
Bon an, mal an
Elle y poursuivra son métier de fée
Réparant les peines de cœur
Et les bobos des âmes
Alors un jour si vous la croisez
Parlez-lui du bon temps
De son cher ministère des anciens combattants
C’était son coin de paradis, son enfant chéri
Et si une larme vient à lui couler
Ne la consolez pas, ce n’est pas de la peine
Mais un sentiment de joie.
Toutefois, si le temps vous presse
Ne vous attardez pas
Ou encore prenez une chaise
Car la fée intarissable
Débutera un conte qui n’en finit pas
Et qui, comme tous les contes, commence
Par les mêmes mots
« Il était une fois…… »​